Oli est de ces femmes dont la vie a fait de sacrés mecs. Pas le choix. Elle est toujours tombée par goût autant que par provocation sur des types, et mêmes des femmes, Oli est toute en ouverture, qui frayaient dans les milieux artistiques ou anarchistes ou perdus. Des gens qui trempent leur tartine dans leur café avec des pensées en lieu et place du beurre. Oli aimait ces joyeux fous, ces rêveurs, que son bon sens et son pragmatisme séduisaient avant de lasser. Elle fumait beaucoup à l’époque, de tout, surtout de tout, et c’est quand Odile son amie du moment fut terrassée par une malade fulgurante qu’elle décida d’arrêter et de se lancer dans la vape. Elle aima ces détails techniques, ces notices, ces trucs qui se bidouillent et se customisent au point qu’elle développa une belle dextérité. Au boulot, on la sollicitait sans cesse. Elle vapotait, testait des parfums, un peu n’importe comment. Vapo allait par la suite l’aider à se frayer un chemin plus cohérent dans les effluves.
Coïncidence ou pas, c’est à peu près à ce moment que de son côté, Vapo sentit que les parfums de la cigarette électronique allaient pouvoir être pour lui une belle occasion de quitter la morosité de son métier de comptable. Il avait constitué un tableau excel qu’il remplissait le soir en humant les liquides, se sentant bien dans tout un système de critérisation qu’il avait lui-même élaboré.
Vapo, elle, avant la vape, adorait créer des objets de toutes sortes avec des matériaux de récupération. Cela la détendait. Elle était sans emploi depuis longtemps maintenant, vendait parfois quelques unes de ses créations, mais ça n’allait pas bien loin.
Ses revenus provenaient surtout de combines dans le quartier. Elle savait tout réparer. Une autodidacte qui s’était construite dès l’enfance. Chaque cadeau, chaque objet qu’elle découvrait, elle commençait d’abord par le démonter pour en comprendre le fonctionnement. Elle avait adoré internet qui à l’infini lui apportait idées et connaissances.
